lundi 2 novembre 2009

Des butineuses en ville


A l'extrême sud du Neuhof, les abeilles ont regagné leurs pénates sous le regard attentif de Jean-Claude Moes. Dernier apiculteur professionnel de Strasbourg, il est dans le métier depuis 18 ans. Ses ruches d'hivernage sont installées près de la forêt: d'octobre à mars, les abeilles ne quitteront pas leurs maisons lilliputiennes. A vingt minutes de là, le centre de Strasbourg bourdonne au rythme de ses citadins affairés.

Des ruches en milieu urbain, cela intrigue. Mais pour les petites dames rayées, la ville est un pays de Cocagne, contrairement à la campagne.





Mais un professionnel ne pourrait pas obtenir une vraie production en cantonnant ses abeilles en ville. En ce moment, Jean-Claude a 250 ruches mais l'été, son cheptel grandit. Alors, comme beaucoup d'apiculteurs, il pratique la transhumance et déplace ses abeilles du début du printemps jusqu'à la fin septembre.  Elles suivent ainsi le cycle de pollinisation, de l'acacia au chataîgnier en passant par le sapin et produisent sept miels de crus monofloraux. Jean-Claude laisse également ses ouvrières butiner alentour, dans la forêt du Neuhof. Le résultat: un miel polyfloral au goût singulier.





Car la pureté du miel est garantie par une sélection cruelle: les abeilles ne peuvent pas éliminer les toxines, dès qu'elles en ingèrent, elles meurent. Une caractéristique qui fait de ces insectes d'excellents indicateurs de l'environnement. Et explique également pourquoi leur mortalité grimpe en flèche, notamment à la campagne.
                                                    
 

La ville est-elle le nouvel eldorado des abeilles? Pour Jean-Claude Moes, Strasbourg ne pourrait pas accueillir des centaines d'essaims mais il serait possible d'en disséminer quelques-uns. "Des ruches planquées dans les jardins, il y en a sûrement déjà plus qu'on ne le pense", ajoute t-il dans un sourire. Sur son terrain, il héberge quelques colonies appartenant à ses stagiaires. Ces apprentis sont aussi des Strasbourgeois. A terme, ils comptent bien élever leur propre ruche en ville.


Anne Cagan

Site de la ferme apicole du Neuhof

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